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Article sans titre

par Jérôme 9 Avril 2012, 15:27 Team member-Divers

Article sans titre, non, je n'en ai pas trouvé.

Certains se seront peut être demandés pourquoi je n'ai rien posté sur la pêche de la truite cette année, et notamment sur l'ouverture. Et bien la raison est simple: il est pour moi aujourd'hui très douloureux de parler de pêche de la truite.

Ah bon? et pourquoi? Et bien parce que les années passent, et que le constat que je fais, de ma propre vision des choses, est que certaines rivières à truite que je pêche avec tant de bonheur depuis mon enfance se meurent lentement. Ces rivières, elles sont en Rhône-Alpes, et plus particulièrement je parle du Guiers, qui ne m'a pas montré un visage sain depuis longtemps. Cette année, avant l'ouverture, à Entre-deux-Guiers, il arborait un vilain fond noir d'algues que je ne lui ai jamais connu à cette époque. Quelle en est la cause? Le manque d'eau, l'augmentation de la température? je n'ai pas pour l'instant pris le temps de regarder de plus près ces données pour constater si c'est une hypothèse satisfaisante.

Toujours est-il que l'ouverture s'est faîte dans le calme le plus complet du côté des poissons sauvages. Je n'en ai pour ma part pas vu une hors de l'eau. Alors encore une fois, à qui/quoi la faute? L'eau était froide, les pêcheurs nombreux, presque autant que les arc-en-ciels qui se déplaçaient en banc à Pont de Beauvoisin. Et c'est la seule chose que j'ai pu voir: des poissons super moches, avec des gueules de gardons, complètement débiles, qui s'y reprennent à 5 fois pour finir par se piquer à un des deux triples sans ardillons qui arment mon petit poisson nageur. Et encore, il fallait vraiment le ramener lentement...

Et cette vision-là, elle m'a fait mal. Au cours de ce week-end d'ouverture, à quelle nature ai-je pu accéder? pour ainsi dire presque aucune. J'ai juste eu le droit de me satisfaire de poissons de bassine jetés dans une rivière qui paraissait désespérement vide. Encore une fois, est-ce que la sortie des poissons sauvages n'a pas été génée par la présence des bassines ou par le froid? Probablement. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'étant gamin, les prises de poissons sauvages n'étaient pas rares au milieu des bassines le jour de l'ouverture.

Mon histoire ne démontre rien. Mais cette expérience m'a fait gouté à une possible réalité: nous en sommes en train de faire disparaître les truites sauvages de nos cours d'eau. Et pour essayer de reconstituer ce que nous avons détruit, il ne nous restera plus qu'une option, celle de balancer des truites artificielles dans ce qui sera devenu une baignoire. Et ça, je ne le veux pas. Je ne peux pas m'y résoudre. J'ai grandi avec cette rivière, ces poissons, ces odeurs, ces bruits font parties de moi maintenant, aussi profondément que la femme que j'aime ou ma famille.

De multiples causes peuvent expliquer cette forte dégradation, et en général la dégradation des rivières: la première étant la pollution (industrielle et agricole, merci les engrais), et viennent ensuite les barrages, possiblement le changement climatique (a-t-il vraiment déjà des effets clairs sur nos écosystèmes de Rhône-Alpes? Et si oui, est-ce que ces changements sont amenés à empirer?), et pour finir, la prédation humaine, qui, bien que j'entende çà et là que ça n'a pas ou peu d'influence, donne à mon sens un coup violent à une nature déjà bien mal en point.

Et encore, je pourrais m'estimer heureux, car l'état du Guiers n'est pas celui de la Bienne en ce moment...

Le lendemain de l'ouverture, mon ami Joseph m'appelle pour me dire qu'il vient de sortir un poisson de 3kg. Wow! magnifique! et à quoi? ben à la main, elle était en train de crever, comme des dizaines d'autres dans la rivière... le cauchemar des rivières franc comtoises n'est pas terminé. Et en ce moment, on est en plein dedans:

http://www.nicolas39-peche-mouche.com/index.php?post/Mortalit%C3%A9-de-truites-sur-la-Bienne

Ou encore:

http://www.peches-sportives.com/011-10889-Jura-Bienne-pas-de-fermeture-de-la-peche.html

http://www.dailymotion.com/video/xpusda_consequences-de-l-arrete-d-interdiction-de-la-peche-sur-la-bienne-jura_news?search_algo=1

Bref, j'en passe et des meilleures. Si vous ne devez vous attardez que sur une seule chose, allez voir le blog de Nicolas Germain:

http://www.nicolas39-peche-mouche.com/ link

C'est probablement un des blogs les plus proches de l'actualité des rivières de Franche Comté, et les illustrations ne manquent pas. Et pour le coup, les merveilleuses sorties de pêche relatées justifient encore plus la nécessité de se battre pour ces rivières.

Il a fait déjà une vidéo d'information sur les rivères franc comtoises:


Et il a participé récemment à une émission sur France 3 (en deux parties, voici la première):

http://www.pluzz.fr/ma-region-ca-me-regarde-2012-04-07-11h30.html link

Une solution a tous ces problèmes? Oui, sans aucun doute: un gestion intégrée de ces écosystèmes. Ca veut  dire quoi? ca veut dire qu'avant de vouloir des poissons dans une rivière, il faut une rivière en bonne santé, constituant un habitat offrant le gîte et le couvert, qui ne soit pas agressé par des pollutions incessantes, qui ait un débit relativement constant (c'est-à-dire pas soumis au yoyo imposé par les barrages hydroélectriques, dont vous pouvez ici voir les dégâts : http://www.basserivieredain.com/2012%20fevrier_2/fevrier_2%202012.htm link), et que l'on laisse se refaire pendant quelques années (au minimum, que l'on limite franchement les prélévements). Faire fi de concept de gestion intégrée a déjà coûté aux Canadiens la quasi totalité de leurs stocks de morue.

Je ne veux pas parler ici des possibles influences du changement climatiques, j'aurai l'occasion de le faire plus complètement plus tard. Et concernant le changement climatique, l'inertie du système climatique fait qu'on risque fort de ne pas avoir d'influence concrète à court termes sur les précipitations et la température.

En revanche, il y a des choses à faire aujourd'hui. Et elles sont politiques. Quand je dis politique, je ne pense à aucun parti, ici je m'en fous. Je veux parler de politiques locales, régionales de gestion des milieux aquatiques, qui démarrent au niveau des AAPPMA, des fédérations et qui doivent être relayées par le pouvoir des préfectures. Alors allons y gaiment: il faut démontrer que l'état des rivières nous importe

Ce post n'était pas drôle. Non. Mais la situation ne l'est pas non plu. Et peut toujours se dire que notre passion est surtout là pour nous amener du bonheur, et que quelque part on n'a pas trop envie de s'occuper du linge sale. Mais la réalité est à mon sens ainsi faîte: nous ne pourrons pas laisser à nos enfants des rivières dans lesquelles ils pourront prendre du poisson, comme les minots de la vidéo précédente, si nous ne nous nous investissons pas pour nos rivières.

Alors pêcheurs, pêcheuses, à vos AAPPMA, à vos fédérations, la nature à besoin de vous. Vos enfants aussi.

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commentaires
R
Bonsoir,<br /> <br /> Je vous rejoints dans votre article, je suis de grenoble et je peche régulierement le guiers, la romanche....c'est une catastrophe !!, et le plus grave c'est que des gens se mobilisent pour le<br /> guiers contrairement à la romanche ou aux petits ruisseaux qui ''meurent'' chaque saison.<br /> Triste constat encore en ce début de saison 2012, sans parler des viandards qui ''finissent'' une truite qui a échappé à la pollution, au manque d'eau ou aux retrecissement d'une riviere.
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J
Eh bien il va peut être falloir s'investir un peu plus qu'on ne le fait à présent, dans l'AAPPMA, avec le SIAGA (Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Guiers et de ses Aflluents)... il faut<br /> espérer, et tenter d'amener de la volonté, des nouvelles idées (pourquoi pas?), et on va bien finir par trouver la solution.<br /> Aller mon père Dav, on va y arriver.
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D
Coup de gueule plus que partagé !! plein le cul de voir se dégrader nos rivières d'année en année et à vitesse grand V... sans parler du guiers qu'on connait tous les 2, je prends l'exemple de la<br /> bourbre, petit ruisseau de plaine : sur 500m depuis sa source c'est un super petit ruisseau sauvage comme on les aime, puis arrive la partie "dans les champs" où son cours a été rectifié (genre<br /> canal, ou plutôt fossé :-() sans un seul méandre, le lit s'est envasé... et on y trouve plus uniquement que... des brochets !!<br /> Là où je suis un peu moins optimiste que toi c'est que je vois pas comment des politiques, même locales, pourraient être engagées (loin d'être dans l'"air du temps"), et de surcroît, comment, dans<br /> l'état des choses, ramener à l'état originel des rivières qu'on s’évertue à détruire pour divers besoins humains depuis plus d'un demi-siècle...<br /> ça me donne envie de chialer chaque fois que j'y pense...
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